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François Girod |
Je m'appelle François et j'ai 38 ans. Je suis ce qu'on appelle un "passionné" de musique classique avec un penchant franc et massif pour la musique de Beethoven. |
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Hommage à Beethoven |
C'est à l'âge de 13 ans, précisément en écoutant par pur hasard le 5ème concerto pour piano et orchestre que mon père avait mis sur le tourne disque, que j'ai essuyé un coup de poing à l'âme...Cette musique s'est mise à me parler.....à me faire souffrir, puis sourire, enfin à m'exalter. Quelle émotion ! Je me souviens, lors des dernières mesures du 3ème et dernier mouvement, rester comme en apesanteur, K.O. et empli d'une énergie mystérieuse jamais ressentie. |
Beethoven, compositeur de talent, source de nombreuses passions... |
Voilà, Beethoven m'avait "investi"! Depuis, j'ai exploré, ou plus exactement, me suis laissé explorer par la musique de ce compositeur au-delà du génie. Je ressens une proximité mystérieuse et une intimité hors du commun avec Beethoven ; plus je me documente sur lui, plus je découvre les détails de sa vie turbulente, et plus la dimension existentielle de sa musique éclate dans tout son mystère et sa véhémence. C'est à la suite de la découverte de certaines de ses sonates pour piano qui m'ont littéralement bouleversé que j'ai pris la décision complêtement déraisonnable d'apprendre à jouer le 1er mouvement de la sonate "Clair de lune" sans jamais avoir appris le solfège ni touché sérieusement un clavier. Ce défi absurde, je l'ai relevé il y a 3 ans. J'ai pris quelques cours, j'ai acheté la partition et j'ai commencé à apprendre le 1er mouvement sans oser en parler à mon Professeur de peur de passer pour un fou ou, pire, un présomptueux ! |
Cet apprentissage aurait pu passer pour de la torture tellement j'ai passé d'heures, de jours, de semaines, de mois entiers à déchiffrer et répéter, sans jamais me lasser malgré le caractère franchement irrationnel de ce que j'entreprenais. Mon épouse a été d'une patience d'ange !!! A force d'acharnement, j'ai fini par jouer très mal, puis moins mal, puis à peu près correctement, ce premier mouvement mais par coeur, après avoir déchiffré les notes une fois pour toutes, mon niveau de solfège ne me permettant pas de lire au bon tempo. Quand on ne sait pas lire, apprendre par coeur est la seule solution. |
Mon professeur à qui j'ai fini par avouer ce défi stupide est resté sans voix, non pas par la particulière qualité de mon jeu, mais plutôt par la pugnacité quasi-obsessionnelle que j'avais su développer pour apprendre par coeur l'ensemble du mouvement. Depuis, je continue bien sûr de le jouer en essayant d'améliorer la qualité artistique du jeu, le tout à l'oreille bien sûr. Je dois avouer que j'ai appris d'autres morceaux, plus simples, de cette même manière brutale et primaire !! |
Beethoven compose... |
C'est une façon, toute proportion gardée, de "saisir mon destin à la gueule"et de prouver la force et la victoire de ma volonté contre l'ignorance technique et l'incapacité musicale totale qui étaient -et demeurent encore- les miennes faute d'apprentissage quand j'étais enfant. Au risque de paraître prétentieux ou suffisant, j'ai puisé cette énergie à la source, c'est à dire dans la musique de cet homme dont la vie a été un fantastique et permanent combat contre la fatalité et l'adversité. En comparaison des défis qui ont été les siens, mon pari est parfaitement insignifiant mais c'est à son exemple que je le dois. C'est Beethoven et Beethoven seul qui a su me donner l'énergie pour mener à bien cette démarche.C'est l'hommage bien humble que je veux lui rendre. |
François
Girod
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