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 Barbara |
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Barbara est pianiste depuis 9 ans et une prêtresse de Beethoven depuis cet été. Elle a décidé de lui rendre hommage à sa de façon : franche, tendre et passionnée. A lire absolument ! |
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| Sonate
au Clair de Lune |
| Je me rappelle de mon enfance, où j'essayais de stocker dans ma mémoire le plus d'information musicale possible, question de connaissance. Beethoven était un nom parmi les autres. Bach, Beethoven et Mozart ! À 4 ans, citez ces noms et vous êtes une sommité mondiale de la musique classique. Plus tard, le principal intéressé est devenu un compositeur romantique, puis un homme passionné (enfin, c'est ce que j'avais cru comprendre). Mais jamais je n'avais exploré les tréfonds de cette âme opaque et translucide à la fois. J'imagine que tous les compositeurs méritent également une recherche, mais j'ai dû me consacrer à un seul à la fois, car c'est très épuisant intellectuellement de se perdre dans un génie. |  |
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J'avais 13 ans, je crois, quand j'ai découvert par un logiciel le premier mouvement de la Sonate au clair de lune. Subjuguée, j'ai appris que la musique pouvait déclencher des émotions très vives qui nous tenaient captifs, sans espoir de libérer notre tête de cette mélodie envoûtante. Je me revois, cherchant la partition dans l'espoir de la trouver un jour. Si j'avais su que je n'avais qu'à tendre la main... |
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Je ne me suis jamais fatiguée de la jouer, de l'explorer, de la vivre sans fin. Parfois, le fait que la lumière soit allumée quand je l'exécute m'irrite beaucoup. Un jour, quelqu'un eût la brillante idée de diffuser le film Sonate au clair de lune. Prisonnière et complètement béate d'admiration, je me suis demandé si tout cela, si ce flot de grandeur passionnée était vrai. C'est ce qui m'a poussée à faire une recherche sur Internet. |
| Haydn y est allé de plusieurs citations sur lui : "Vous me faites l'impression d'un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs et plusieurs âmes". "Vous avez des pensées que personne n'a encore jamais eues". On décrivait Beethoven comme une brute magnifique. Je me suis mise à l'admirer, mais pas d'une admiration ordinaire. Car je me trouverais bien hypocrite de faire ça. C'est comme si le fait que j'aime sa musique éclipserait tous ses défauts, ce que je ne ferais pas pour quelqu'un d'autre. Beethoven, je l'adore de loin, je l'adule à distance, et pourtant je me sens si proche de lui. Je sais que je dois me tenir loin, car il avait un caractère si instable, nostalgique, brutal... C'est dur à comprendre ce que je dis, mais je crois que trop s'approcher de lui, c'est dangereux. Beethoven a besoin de son espace vital et je respecte ça. C'est une façon encore plus grandiose de l'admirer. |
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Aujourd'hui j'ai 16 ans et je méconnais toujours Beethoven. J'ai eu beau copier dans mes fichiers ses lettres et le Testament, m'imprégner de son quotidien, garnir une page de mon agenda scolaire de ses citations, en parler avec une émotion à peine voilée, y penser avec nostalgie, je ne le connaîtrai jamais. Qui peut se vanter de le connaître ? Je ne le croirai pas si on me le dit car c'est impossible. On ne peut qu'entrevoir Beethoven, pas le connaître à fond, et encore moins le comprendre. Affirmer comprendre mon héros lointain, ça serait un sacrilège, une offense à sa mémoire, à sa fougue désespérée. |
 Sonate Clair de Lune un tableau de Daniel Moiseiwitsch |
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Beethoven est immortel, pas nous. Comment s'approcher de lui ? Bien, il reste les moyens extérieurs. Je vais vous indiquer le chemin. Commencez par apprendre les noms des compositeurs, classez-les par période, puis... jouez la Sonate au clair de lune. Il en disait, déçu : "Tout le monde ne parle toujours que de la sonate en do dièse mineur ! J'ai sûrement écrit de meilleurs choses". Désolé, maître, mais je dois partager leur avis. Et moi, j'ai songé à quelque chose qui règlerait bien des querelles. L'Immortelle Aimée, n'est-ce pas simplement la Musique matérialisée ? Pendant quelques minutes, ayez 16 ans, mettez vos écouteurs sur vos oreilles (même si on me dit que le classique, à cet âge-là... mais je m'en fiche éperdument) et écoutez le 3e mouvement de la Grande Sonate au clair de lune. Fermez les yeux, gesticulez, faites un fou de vous, faites ce que vous voulez. Mais vivez.
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